La
grammaire héraldique
Glossaire
héraldique
LA
GRAMMAIRE HERALDIQUE
Du XIIe au XVe siècle, sans se détacher complètement du langage ordinaire, la langue héraldique s’est progressivement spécialisée. Le blason primitif utilise un petit nombre de termes et de tournures qui, sans être une spécificité héraldique, se retrouvent plus fréquemment qu’ailleurs. A la fin du XIIe siècle, dans les textes littéraires, on trouve l’expression héraldique classique consistant à nommer la couleur du champ puis la nature et la couleur de la figure avec les prépositions a et de. Le vocabulaire n’est pas encore spécialisé, les termes sont empruntés à d’autres domaines techniques notamment à ceux du costume et du tissu. Au début du XIIIe siècle, la multiplication des armoiries et la diversité des figures augmentent le vocabulaire héraldique et obligent le blason à la construction d’une véritable phrase héraldique. Au XIVe siècle, l’essor technique du langage héraldique ralentit et, au XVe siècle, les hérauts ont la fâcheuse tendance à remplacer des mots simples par des termes compliqués qui surchargent le vocabulaire héraldique plutôt qu’ils ne l’enrichissent. Il faut attendre le XVIIe siècle pour connaître un renouveau. La syntaxe du blason s’épure et se fait plus précise, plus rigoureuse, prenant son visage définitif.
Les adjectifs des meubles
Les quadrupèdes sont dits : animé de… quand la couleur des yeux est différente de celle du corps ; denté, s’il s’agit des dents, armé des griffes ; lampassé, de la langue ; défendu de, pour les cornes de défense ; colleté, du collier ; clariné, de la cloche. On le dira morné s’il est représenté sans dents ni langue, ni griffes ; diffamé, sans queue ; couché, s’il est dans l’attitude du sommeil ; en repos, s’il est couché la tête haute ; accroupi, s’il est assis ; debout, s’il est sur ses pattes arrières (se dit seulement pour l’ours) ; paissant, s’il est arrêté tête basse ; passant s’il a la position du léopard ; rampant s’il a celle du lion ; courant, s’il est au galop. Une tête sans corps est dite arrachée, si elle est de profil ; c’est une rencontre, si elle est de face.
Les oiseaux sont dits : animés, pour les yeux ; becqués, onglés, membrés, langués selon les becs, les griffes, les pattes et langues ; arrêtés, s’ils ont les ailes repliées ; empiétants, s’ils tiennent un objet ; essorant, s’ils ont le corps de profil, avec les ailes déployées ; diadémés, s’ils sont couronnés ; perchés, sur un perchoir ; nageant, sur une onde ; descendant, s’il volent vers la pointe de l’écu.
Les poissons sont dits : animés, pour les yeux ; barbés, pour la bouche ; écaillés, pour les écailles ; oreillés, pour les ouïes ; lorrés, pour les nageoires ; pautrés, pour la caudale.
Quadrupèdes, oiseaux et poissons peuvent être adossés ou affrontés.
On énoncera les végétaux : futés ou tigés selon le tronc ou la tige ; arrachés s’ils montrent leurs racines ; engemmés si la fleur est percée en son centre, laissant voir le champ ; boutonnés, si le centre est d’un autre émail que la fleur et le champ ; feuillés si la fleur est accompagnée de feuilles ; fruités pour les arbres avec fruits ; fleuris pour les arbres avec fleurs ; englandé pour le chêne ; écotés pour désigner les troncs ébranchés.
Le règne minéral est représenté par monts et rochers généralement en forme de pain de sucre appelé « coupeaux »
Le soleil est généralement d’or ou d’argent ; s’il est d’un autre émail, il prend le nom d’ombre de soleil. La lune est toujours d’argent et figurée.
Pour préciser la couleur ou la position de certains objets, on énonce : cerclé et surmonté d’une croix, pour les détails du globe ; haute, pour l’épée lorsque sa pointe est en l’air ; versée dans le cas contraire ; cordé pour la corde de l’arc ; empennée pour les plumes de la flèche ; virollé pour le cor.
Un monument est dit maçonné pour le dessin de pierre (généralement de sable) ; ouvert pour la porte ; ajouré pour les fenêtres ; couvert pour le toit. Un navire est dit habillé pour les voiles ; voguant s’il est posé sur une mer.
Le corps humain a donné peu d’éléments, si ce n’est la représentation de saints patrons ou patronnes en teintes naturelles, de mode tardive et peu héraldique. Le dextrochère et le sénestrochère sont des bras, soit parés s’ils sont revêtus d’une manche, soit armés s’ils sont recouverts d’une pièce d’armure. |