Histoire
des usages héraldiques
La
législation héraldique aujourd'hui
HISTOIRE
DES USAGES HERALDIQUES
La législation
française considère l'usage des armoiries comme
libre et licite. Chacun est en droit d'adopter les armoiries de
son choix sous réserve de ne pas les usurper à des
tiers. Tout au long de l'Ancien régime jusqu'à nos
jours, l'usage de prendre des armes "de soi-même"
ne fut soumis à aucune autorité dès lors
qu'elles ne rentraient pas en concurrence avec des armoiries anciennes.
Qu'elles fussent personnelles ou familiales, les armoiries représentaient
l'identité de leur possesseur au même titre que le
patronyme et étaient soumises en termes de transmissibilité
et de concession aux mêmes règles que celui-ci.
Au XIVe siècle,
tant France qu'en Espagne ou en Allemagne, les souverains garants
de l'ordre et de la paix pour prévenir les contestations
d'armoiries et établir le recensement de leurs chevaliers
chargèrent des officiers spécialisés d'établir
des rôles d'armoiries pour chacune de leurs provinces. Ainsi,
ces officiers appelés "héraut d'armes"
eurent la haute main sur la conservation de la mémoire
héraldique européenne. Ils laissèrent de
leur pratique de nombreuses sources (rôle, armorial et registre)
qui permettent d'établir la preuve de la possession d'armoiries.
Aujoud'hui comme
hier, même si cela ne représente pas une obligation,
les armoiries nouvellement créées pour assurer leur
pérennité peuvent être enregistrées
dans un armorial. De nos jours, les armoriaux ne sont plus tenus
de façon officielle par les hérauts d'armes mais
par des organismes privés tels que "l'Armorial du
Héraut d'Armes", "le Renesse" ou "l'Armorial
du XXe siècle", dont le sérieux en matière
d'enregistrement et de protection d'armoiries garantit leur légitimité.
L'usage en France
de prendre des armoiries "de soi-même" ne souffrit
que trois exceptions. La première eut un but purement fiscal.
Louis XIV, soucieux de remplir les caisses de l'Etat de diverses
façons, créa en 1696 les maîtrises d'armes.
Ces juridictions héraldiques obligeaient toute personne,
noble ou non, toute communauté laïque ou religieuse
portant des armoiries ou souhaitant en porter, à les enregistrer
moyennant un droit. Après un an de fonctionnement, ces
juridictions ont étendu les enregistrements d'armoiries
à toute personne jugée capable d'en porter, celle-ci
ayant à faire choix d'un blason ou s'en voyant imposer
un d'office. Cette mesure, destinée à augmenter
les recettes des maîtrises jugées trop modestes,
fut appliquée strictement pendant deux ans, mais la multiplication
des conflits et des résistances, dus en partie au choix
cavalier de certains blasons (des bois de cerf pour un Lemarié
ou encore une toison pour un Goulaine alors que sa famille portait
depuis longtemps parti d'Angleterre et de France), provoquèrent
leur suppression en 1700. Cette période nous a laissé
un document volumineux, "l'Armorial général
de la France" attaché à la famille d'Hozier.
Autre exception,
l'héraldique napoléonienne. Après être
devenu empereur, Napoléon ne tarda pas à instituer
une nouvelle hiérarchie nobiliaire qu'il para d'insignes
de dignité directement inspiré du blason. L'héraldique
napoléonienne se différencie néanmoins de
l'ancien système par l'usage de certaines figures correspondant
de façon stricte aux fonctions et à la dignité
de la personne dotée d'armoiries. De plus, ces armoiries
réglées par le Conseil du Sceau étaient toujours
soumises à l'approbation du souverain. Ce système
héraldique extrêmement précis n'eut pas le
temps d'évoluer, il ne dura que six ans.
Enfin, l'exception
révolutionnaire. Elle constitue l'opposition la plus radicale
aux usages héraldiques. L'esprit de la Révolution,
prompt à tout réformer, supportait mal ces symboles
considérés à tort comme des marques de féodalité.
Une emblématique d'inspiration antique et naturaliste,
plus en accord avec le goût du jour et les institutions
révolutionnaires, leur fut substituée. Cette emblématique
connut un certain succès dans le Nouveau Monde où
la tradition héraldique ne rentrait pas dans les préoccupations
locales.
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