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LES BRISURES

 

Dans la période médiévale, les armoiries pleines (c’est-à-dire intacte) ne se transmettent théoriquement que d’aîné à aîné, tous les autres membres de la famille devant y apporter une légère modification appelée « brisure » afin de montrer qu’ils ne sont pas chef d’arme. Du vivant du père, un aîné doit lui aussi briser ses armoiries. Leur utilisation fut courante dans les pays héraldiques classiques, c’est-à-dire en Angleterre, dans la France du nord, de l’est et de l’ouest, dans la vallée du Rhin et au Pays-Bas, et ce jusqu’au milieu du XIVe siècles où les brisures conservèrent un rôle militaire. En France méridionale, en Espagne en Italie et en Europe centrale, leur usage se fait plus rare. C’est dans les territoires entre la Loire et la Meuse et surtout en Angleterre que leur usage se perpétua. Dans la période contemporaine, seules quelques grandes familles continuent à les employer. Au XIVe siècle on trouve de nombreux exemples de brisures dans les armoiries roturières à l’imitation des armes nobles, mais elles tendront à disparaître complètement au XVIe siècle.

Les façons de briser sont diverses et variées. Il n’existe pas de système rigoureux de brisure mais seulement des habitudes familiales ou des modes géographiques. Certains préfèrent modifier les émaux plutôt que toucher aux figures alors que d’autres plus rarement resteront attachés aux émaux. Le changement d’émaux semble pourtant avoir été important comme brisure, le champ prenant émail de la figure alors que la figure prenait l’émail du champ. Il semble aussi fréquent de ne changer qu’un émail, celui du champ ou celui de la figure. Une autre façon fréquente de briser des armoiries consiste à semer de petites pièces le champ de l’écu permettant de garder les émaux et de la figure intacts. Dans ce même état d’esprit, on peut aussi bureler, vergeter, fretter ou échiqueter le champ.

Il existe d’autres façons de briser des armes sans changer les émaux. Par exemple, en augmentant ou en diminuant le nombre des figures, ou bien en changeant leur position et plus radicalement en effectuant une substitution de figure. Plus courantes sont les modifications de forme affectant les pièces et les partitions : une fasce ordinaire devient soit crénelée soit un chef denché, une fasce vivrée ou un parti ondé, etc… Ces modifications sont nombreuses jusqu’au début XVe siècle, surtout en France et Angleterre. Plus fréquent aussi est le changement des petites figures secondaires accompagnant ou chargeant une pièce : les étoiles deviennent des molettes, les losanges des mâcles, des fleurs de lis des quintefeuilles etc…

Néanmoins, l’addition de figures spécifiques reste  le mode de brisure le plus répandu dans les pays d’héraldique classique et ce dès le début du XIIIe siècle. La première de ces figures est le lambel qui a cette particularité de ne jamais se présenter comme une figure ordinaire de l’écu. C’est une traverse horizontale placée en chef ornée de plusieurs pendants. Le nombre de pendants variant de deux à douze, cinq semble cependant être le nombre le plus couramment utilisé jusqu’à la fin du XIIIe siècle ensuite c’est le chiffre trois qui prédomine.

Il est à noter que, dans une fratrie, le lambel est presque toujours la brisure de l’aîné. L’addition d’une bordure, d’une bande, d’une cotice ou d’un bâton, d’un franc quartier ou d’un écusson représente aussi des modes de brisure très fréquentes. Le franc quartier et l’écusson pouvant porter les armes de la mère. Le franc quartier, jusqu’au milieu du XIVe siècle , semble avoir été la brisure privilégiée des cadets.

L’addition de petits meubles est également une forme de brisure fréquente. Les figures les plus employées sont : l’étoile, le croissant, la merlette, le quintefeuille, le lionceau et la coquille. Elles sont utilisées en un seul exemplaire ou en plusieurs, soit pour charger la figure principale soit pour l’accompagner. En un seul exemplaire, elles se placent soit en chef à dextre soit sur la figure principale.


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