La composition héraldique
Le style héraldique
Choix des motifs des armoiries

CHOIX DES MOTIFS DES ARMOIRIES

La tentation est grande de connaître la signification des armoiries portées par une personne ou une famille. Pour répondre à cette question sur les armoiries anciennes, il faudrait avoir une idée certaine de la mentalité médiévale et garder à l’esprit qu’il n’y a peut-être aucune signification, en particulier pour les armes constituées juste d’une partition ou d’une pièce honorable. Ces dernières ont pu, à l’origine, être portées par un grand féodal et s’être conservées intactes au fil du temps parmi quelques-uns de ses chevaliers et varier considérablement chez le grand féodal en fonction des alliances et des événements.

De plus il est bon de savoir que l’individu n’est pas obligatoirement l’auteur de ses armes. Elles ont pu lui être imposées, vendues ou suggérées. Le plus souvent, les significations d’armoiries se construisent à posteriori sous la forme d’une légende familiale.

On peut cependant penser que les premières armoiries sont des armoiries parlantes. Dans une période où peu de gens savent lire, les images sont particulièrement signifiantes. Ainsi des armes avec un coq appartiendront probablement à un sieur Lecoq, la famille Créquy prit naturellement pour armes un créquier et le comte de Bar arbora deux bars adossés.

Même si c’est le cas le plus fréquent, le système des armes parlantes n’est pas réservé au seul patronyme, il s’est aussi appliqué au nom de baptême, à un sobriquet ou pour un possesseur de fief à un vocable terrien. Au XIIIe siècle, les petits vassaux préférant arborer leurs propres armes plutôt que celle de leur seigneur et la possession d’armoiries s’étendant à l’ensemble de la société, l’usage des sceaux a certainement encouragé le système des armes parlantes.

Viennent ensuite les armoiries allusives, leur intention étant de rappeler un fait, un état, une fonction ou encore un métier en rapport avec la famille ou l’individu. Elles peuvent évoquer un passé glorieux, une légende familiale, une forte attache régionale, un saint patron, une fonction administrative, les exemples sont nombreux. Chez les roturiers, ces armoiries font souvent allusion à leur métier. Un charpentier portera un marteau, une équerre ou une truelle ou bien les trois à la fois. Jean Benoît, maître d’artillerie, prit une arbalète.

Existent aussi les armoiries politiques. Elles ont pour intention de souligner le lien entre le possesseur et une autre personne ou avec un groupe quelle que soit la nature de ce groupe (féodal, factions politiques, corporations, ordres religieux, etc…) et ont pour la plupart la caractéristique d’être des armes brisées. Par exemple, nombre des villes de la Hanse portent comme couleurs l’argent et le gueules, et les corporations des bouchers dans la période médiévale portent tous en figure principale un bœuf ou un mouton.